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jeudi 17 mars 2022
En date du 26 avril 2021 et dans le but de renforcer la présence de la femme dans le domaine judiciaire, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté le 10 mars de chaque année, comme Journée internationale des femmes juges.

La résolution de l’Assemblée générale affirme que la prise en considération de la perspective du genre et de l’égalité des sexes dans la mise en œuvre du plan de développement durable à l’horizon 2030, contribuera de façon capitale à faire progresser la réalisation de l’ensemble des buts et objectifs de développement durable. Ladite résolution concrétise l’orientation fondée sur la participation active de la femme, sur un pied d’égalité avec les hommes , dans la prise de décision à tous les niveaux en tant qu’élément essentiel à l’atteinte de la parité, du développement durable, de la paix et de la démocratie ; en plus de réaffirmer l’engagement pris d’élaborer et de mettre en œuvre des stratégies et des plans nationaux adaptés et efficaces en faveur de la promotion des femmes aux postes de direction, d’administration ou autres des systèmes et institutions judiciaires.

La commémoration par le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire de la Journée internationale des femmes juges constitue une valorisation de la présence de la femme marocaine et de sa participation, sur un pied d’égalité avec les hommes, dans le corps de la magistrature. Notamment que la femme a obtenu d’importants acquis grâce à l’attention qu’accorde Sa Majesté le Roi Mohammed VI, depuis son accession au trône de ses glorieux ancêtres, à la situation de la femme et à ses droits culturels, sociaux, politiques et économique ; et c’est grâce aussi à la Haute volonté Royale de renforcer la participation effective de la femme dans le processus décisionnel, et de lui permettre d’occuper le statut qu’elle mérite dans les différents domaines, d’accéder à différents postes de direction et de bénéficier des fruits de la modernisation et du développement, tel que cela a été concrétisé par la Constitution marocaine à travers les principes d’égalité entre les sexes et de parité, ainsi que de consacrer l’égalité entre l’homme et la femme dans l’accès aux postes publics.

Cela a d’ailleurs été exprimé par Sa Majesté le Roi, que Dieu l’Assiste, dans son message Royal adressé aux participants à la deuxième édition du Sommet annuel de l’initiative « Women in Africa » tenu le 27 septembre 2018 à Marrakech en déclarant si pertinemment que : « Aucun pays, aucune société, aucune économie, ni aucune entreprise ne peut relever les défis de l’heure, ni mettre en valeur tout son potentiel si les femmes sont mises à l’écart. »

Mesdames et messieurs ;

La femme juge est une énergie vitale dont est doté notre pays depuis l’accès de celle-ci au corps de la magistrature au début des années soixante en la personne de Mme. Amina Abderrazak, après que le Dahir formant statut de la magistrature, publié en 1958, ait consacré le principe d’égalité entre femmes et hommes dans l’accès à la magistrature, suivant les mêmes conditions et sans qu’elles ne soient exclues d’aucune fonction judiciaire.

L’expérience marocaine est devancière par rapport à son entourage régional où l’inclusion de la femme au corps de la magistrature a tardé dans certains pays de la région pour plusieurs autres décennies. L’intégration de la femme marocaine au corps de la magistrature dès les premières années suivant l’indépendance lui a permis de participer aux côtés de ses collègues hommes, à la marocanisation du système judiciaire, à son arabisation et à son unification ; ceci étant que les femmes marocaines ont accédé au cycle de la magistrature en étant pourvues d’une formation juridique solide, armées d’une forte volonté et poussées par une charge élevée de nationalisme et par les vifs encouragements des familles et l’accueil chaleureux des citoyens, ce qui a contribué à leur insertion rapide dans les rangs d’une profession qui fut pendant des siècles exclusivement réservée aux hommes.

Les femmes juges marocaines ont alors fait preuve d’expertise, d’intelligence, de professionnalisme et de sérieux, ce qui leur a permis après des années de travail acharné et de persévérance productive d’accéder à des domaines judiciaires distingués. C’est ainsi que fut nommée en 1987 la première femme juge près la Cour suprême (Cour de cassation actuellement) en tant qu’Avocat général, en la personne de Mme. Amina Benchekroun, et en 1995 eut lieu la première promotion d’une femme juge au grade exceptionnel.

La confiance de la scène judiciaire en ses femmes s’est accrue, leur accordant par conséquent des postes de responsabilité vers la fin des années quatre-vingt-dix ; ainsi, la première Première présidente d’un tribunal de première instance à Rabat, fut nommée en 1998, en la personne de Mme. Leila Lamrini qui eut par la suite l’honneur d’être nommée au Conseil constitutionnel, honneur qu’ont également eu Mme. Saâdia Belmir et Mme. Latifa El Khal, actuellement membre de la Cour Constitutionnelle.

Et comme l’oiseau qui petit à petit fait son nid, l’accès des femmes juges à des postes de responsabilité s’est poursuivi ; au cours de la même année, Mme Assia Oualâlou fut nommée Première présidente d’un Tribunal de commerce, à Rabat ; Mme. Leila Benjelloun fut nommée Première présidente d’une Cour d’appel de commerce ; Mme. Malika Benmassoud fut nommée Première présidente de la Cour d’Appel de Tétouan et Mme. Malika Benzahir fut la première à être nommée Présidente de Chambre près la Cour de Cassation il y a sept ans et a également eu l’honneur de présider, il y a quelques mois, une audience en formation toutes Chambres réunies, devenant ainsi la première juge marocaine à recevoir cet honneur.

Par ailleurs, sept sections de la Cour de cassation ont eu l’honneur ou ont l’honneur d’être présidées par d’honorables femmes juges marocaines depuis que ce poste fut octroyé pour la première fois à Mme. Fatima Antar.

En ce qui concerne les tribunaux de fond, les juges marocaines ont continué à présider l’appareil judiciaire avec mérite, c’est alors que fut nommée en 2001, la première Procureure du Roi près un tribunal de commerce (Meknès) en la personne de Mme. Khadija El Bani, suivie de nombreuses autres.

La première Procureure générale du Roi près la Cour d’Appel de commerce de Fès fut Mme. Rahmouna Ziani, nommée en 2008, et la première Procureure du Roi près un tribunal ordinaire, le tribunal de première instance de Mohammedia, fut Mme. Rabha Fath Ennour, nommée en 2021. La liste des magistrates ayant occupé des postes de responsabilité judiciaire et administrative est longue et regorge de noms ayant une renommée dans le domaine judiciaire, dont les femmes juges qui occupent actuellement ces postes avec beaucoup de mérite.

Le registre des juges marocaines abonde de noms de femmes juges ayant occupé des postes à l’étranger, tel qu’il a été le cas pour Professeur Saâdia Belmir qui fut membre du Comité des Nations Unies pour la prévention de la torture pour deux mandats, et Mme. Latifa Taoufik, Présidente de la Commission d’appel de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education les Sciences et la Culture (UNESCO). Sans oublier le livre d’or des magistrats du Maroc qui reluit de la brillance des prix reçus par les magistrates marocaines tel que le prix de « Héroïne du rapport sur la traite des êtres humains » dont fut primée Mme. Amina Oufroukhi en 2017 par le Département d’Etat américain, pour ses contributions pionnières dans la lutte contre la traite des êtres humains.

Les juges marocaines ont également réussi à pousser les portes du premier Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire grâce à une sage décision Royale prévue par la Constitution de 2011. L’histoire se remémorera fièrement les honorables femmes juges ayant contribué au fondement du premier Conseil, à savoir : Mesdames Aicha Nassiri, Majda Daoudi, Hajiba Elboukhari, tout comme elle retiendra les noms des femmes juges leurs ayant succédé pour le mandat en cours et qui sont : Mesdames Amina  El Malki, Souad Koukass et Nezha Moussafir auxquelles nous souhaitons beaucoup de succès dans leur noble mission, jusqu’à ce que le flambeau soit passé à d’autres femmes juges, dans l’espoir d’atteindre la parité, si Dieu  le veut.

Certes, la liste des noms de femmes comme celles que l’on vient de citer de mémoire aurait été plus longue si nous avions consulté l’archive de l’ancien Conseil Supérieur de la Magistrature, et c’est là une tâche que j’espère que Dieu m’assistera à accomplir avec l’aide de nos collègues de l’administration du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, afin que nous préservions la mémoire judiciaire féminine pour les générations à venir qui ne peuvent qu’être fières des exploits de leurs prédécesseuses, les toutes premières femmes juges marocaines, et de leurs successeuses accomplie qui ont inscrit et inscrivent encore leurs noms à l’encre des meilleures valeurs judiciaires, et avec la plume de la sobre culture juridique ornée des plus nobles principes de justice.

La réalité, Mesdames et Messieurs, est que je ne réussirai pas à énumérer tous les exemples de femmes juges émérites et distinguées car ils sont multiples et innombrables, et celles dont j’ai mentionné les noms ne sont qu'une goutte dans le vaste océan de compétences judiciaires novatrices et de potentiels féminins ambitieux. Peut-être que les noms que j’ai cité sont ceux de magistrates qui étaient des pionnières dans certains domaines judiciaires, et je me dois de m’excuser auprès de celles que j’ai omis de mentionner, car leurs travaux suffisent à parler pour elles, et vous tous savez que le registre de la magistrature marocaine ne cesse de connaitre une augmentation du nombre de femmes juges qui est passé de quelques dizaines dans les années soixante à 304 en 1996 d’un total de 2324 magistrats, soit un taux ne dépassant pas 13 %. Puis ce nombre est passé à 375 femmes juges d’entre 2 641magistrats en 1998, soit 14,14 % et à 592 femmes juges sur 3153, soit 18,77% en 2005, puis à 611 femmes juges sur 3188, soit 19,16% en 2008, et à 683 femmes juges sur 3352, soit 20,36% en 2010, et enfin à 939 femmes juges sur 3999, soit 23,40% en 2014. Les femmes juges sont aujourd'hui présentes dans tous les niveaux et types de juridictions marocaines. Le nombre de nos juges femmes est actuellement de 1 068, avec un pourcentage de 25 % (885 à la présidence et 167 au ministère public) dont 55 conseillères à la Cour de cassation et 4 Avocats générales près la même Cour, parmi elles une présidente de Chambre et sept chefs de service. Il y a également 102 conseillères dans les cours d'appel (81 à la présidence et 21 au parquet), 707 femmes juges dans les tribunaux de première instance. (581 à la présidence et 126 au parquet) et 21 femmes juges dans les centres judiciaires (19 à la présidence et 2 au parquet) ; Il y a également 13 conseillères près les cours administratives d'appel, 30 femmes juges dans les tribunaux administratifs, 17 conseillères (présidence) dans les cours d'appel de commerce (1 au parquet) et 71 femmes juges dans les tribunaux de commerce (58 à la présidence et 13 au parquet), en plus de 47 femmes juges attachées à des services administratifs, des conseils, des institutions et des ambassades.

Au regard de cet abondante prolifération professionnelle et de cette énumération honorable, le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire, fier d’être présidé par Sa Majesté le Roi, considère la commémoration de la Journée internationale des femmes juges lors de la première année suivant son adoption par les Nations Unies, comme l'occasion opportune de célébrer toutes les femmes juges marocaines et de saluer leurs estimables accomplissements et les apports immensurables qu’elles font à la justice ainsi que leur précieuse contribution à l’instauration des principes de justice et de sécurité judiciaire. C'est aussi l'occasion de rappeler la vision du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire d'encourager les femmes juges à concourir pour les postes de responsabilité judiciaire, en application de la Constitution et du droit marocain et ayant à l’esprit la 37ème procédure du Plan stratégique du Conseil qui dispose d’ « Œuvrer en faveur de la parité dans l’attribution des responsabilités en tenant compte des compétences et de l’égalité des chances ».

Il s’agit ici d’une approche que le Conseil cherche à encourager compte tenu de la forte compétence juridique et des hautes capacités professionnelles dont ont fait preuve les juges marocaines. Et aussi, parce que la présence des femmes dans la magistrature est un enjeu très important, du fait de leur position fondamentale au sein des composantes de la société, et de la consolidation des principes de la Constitution en matière d'égalité hommes-femmes, de parité dans le milieu professionnel et d'égalité des chances pour les citoyens. En plus des importantes répercussions sociales de cette question qui en font un catalyseur pour les générations futures de jeunes femmes pour atteindre leurs objectifs et leurs rêves d'assumer des postes de responsabilité au sein de leur pays.

Pour toutes ces raisons, j’ai l’honneur d’adresser, au nom du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire et au nom de l’ensemble des magistrats du Royaume, mes plus chaleureuses félicitations à toutes les juges marocaines et à toutes les juges du monde, à l’occasion de leur journée internationale, et je remercie nos femmes juges pour tous les vénérables services qu’elles ont rendu et continuent de rendre à la magistrature de notre pays ; en leur souhaitant réussite et succès dans leur profession ainsi que stabilité et bonheur dans leur vie.

J’ai également l’honneur d’offrir aux roses de la magistrature, présentes aujourd’hui parmi nous, des roses épanouies en guise de reconnaissance de la part du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire pour leurs compétences et en signe de gratitude pour leurs efforts.

Mais ces roses qui fanent en l’espace de quelques jours suffiront-elles à exprimer notre gratitude pour vos travaux que la mémoire de la Justice grave dans le cours du temps sans jamais faner ?

Ces roses dont le parfum s’estompe en quelques instants pourront-elles compenser vos efforts aux impacts si agréablement inoubliables ?

Le parfum d’une rose ou la senteur d’une fleur pourront-ils embaumer vos honorables personnes alors que les salles d’audience témoignent de votre dévouement et de votre travail, et que les dossiers que vous traitez sont imprégnés de votre savoir et de votre équité ; dossiers si pesants que même les montagnes peineraient à les porter ?

Il est certain que toutes les roses du monde ne suffiraient pas à exprimer la gratitude du Conseil envers vous ni à récompenser vos efforts. Mais la valeur des roses que nous vous offrons réside dans leur symbolique ; la rose est symbole de beauté, de bonté, de délicatesse et de douceur qui sont votre nature et votre essence, dignes de toutes les roses.

Les roses s’offrent aux femmes lors des plus belles occasions et des meilleures fêtes ; cette fête est la vôtre, et chaque fête en votre honneur est un jour de joie pour tous vos collègues, quand bien même que ce soit vous qui créez la joie autour de vous. Merci à vous chères et honorables magistrates et bonne fête à vous.

Wa assalamou alaykoum wa rahmatou Allah.

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